"Aujourd'hui, nous sommes tous des Ch'tis".
Les propos de Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de Football (et donc organisateur du match de samedi, rappelons le), résume assez bien la manière dont le microcosme médiatique a accueilli avec effroi cette "banderole de la honte".
Malheureusement, cette succession de réactions outragées du tout venant politique et journalistique fleure bon la récupération et l'hypocrisie et cherche surtout à masquer les responsabilités de chacun.
Ainsi, il est symptomatique de comparer les réactions de vierge effarouchée suscitées par l'exposition de cette banderole (d'une rare connerie) pendant 4 minutes avec le silence assourdissant de ces mêmes âmes humanistes sur les évènements survenus l'après-midi du match. En effet, comme le souligne l'Equipe dans son édition de dimanche, le festival des nazillons supporters du PSG avait commencé dans le RER quelques heures plus tôt, lorsque 200 d'entre eux avaient insulté, aspergé de bière et canardé avec des bouteilles de vin une famille noire. Avant d'entamer une chasse à l'homme dans les couloirs du métro et de finir en beauté l'après-midi dans les rames du RER aux cris de "sales bougnoules" et "White power!". Le quotidien sportif va même jusqu'à ironiser sur l'étrange absence des forces de l'ordre (pourtant si nombreuses et véhémentes lorsqu'il s'agit d'appréhender un fraudeur gare du nord en pleine campagne électorale). On peut dès lors s'étonner de l'absence de réactions outrées de nos représentants politiques et médiatiques. Alors que ces événements se déroulaient avant le match, quelle voix s'est élevée pour demander son annulation? Qui a réclamé des sanctions envers le PSG? Notre président humaniste a t'il donné des consignes pour qu'on retrouve les auteurs de ces actes? A t'on fait des prélèvements ADN? A t'on analysé les caméras de surveillance du métro? les victimes ont-elles été reçues à l'Elysée? Que nenni..! C'est même le contraire qui eût été étonnant. Car depuis 20 ans, on ne compte plus les agressions racistes commises par les petites frappes de Boulogne. Les passages à tabac par des skins en mal de sensations. Mais il faut dire ce qui est, tant qu'il s'agit des noirs ou des arabes, la force publique et le microcosme médiatique ont du mal à s'émouvoir. En plus, ça court vite un noir, alors il n'a qu'à cavaler quand il voit débarquer les crânes rasés. On ne s'appesantira pas plus sur les cris de singe et peaux de banane réservés aux joueurs noirs, cela fait partie du folklore.
Par contre insulter les ch'tis, des blancs, alors là, c'est inadmissible.
L'unanimité de la presse pour dénoncer cette agression envers "les gens du nord", à l'image du Monde qui n'a pas de mots assez durs pour stigmatiser "la haine et la bêtise" de cette banderole, ferait sourire si les faits n'étaient pas si graves. Quiconque se rappelle (c'est à dire tout le monde à part les journalistes eux-mêmes) le traitement de l'affaire Outreau par cette même presse, savoure toute l'ironie de ce retournement de veste. Le souvenir de ces journalistes voyant des réseaux pédophiles partout dans ces terres déshéritées où les gens ont l'accent rustre a fait beaucoup pour la promotion du nord dans les esprits faibles du Kop Boulogne. Rappelons-nous les allures de safari que prenaient les reportages télé quand ces courageux journalistes allaient enquêter au coeur de cette terre pédophile. Les voir aujourd'hui s'indigner d'un racisme social qu'ils ont eux-mêmes pratiqué (et qu'ils pratiquent encore) est une façon malhonnête de s'exonérer de leurs responsabilités énormes dans cette affaire.
Responsabilité qu'ils partagent avec la droite décomplexée qui nous gouverne. Voir, samedi soir, Sarkozy s'indigner des relents racistes de son électorat était assez dégueulasse. Alors qu'il s'est évertué pendant des mois à attiser les haines racistes, à stigmatiser les musulmans, à mépriser les pauvres, voilà qu'il est choqué. Quand on pratique l'amalgame en permanence (banlieue=racaille, musulman=excision, chômeur=fainéant...), quand on laisse entendre que la pédophilie c'est génétique, on ne s'indigne pas d'une telle banderole...ou alors on démissionne.
Enfin, après des années de dénigrement des chômeurs et des pauvres, la victoire idéologique de la droite française est totale : voir dans un stade une banderole mettre sur le même plan consanguin, pédophile et chômeur...
3 commentaires:
J'ai entendu dans un reportage télévisé un patron de bar Lensois affirmer "moi je me lève tous les matins à 6h30 et j'ai jamais été au chômage de ma vie" ce qui laisse à penser en creux soit qu'il un grand ami des enfants et que de surcroit sa mère est sa tante ne font qu'une mais j'y crois pas trop, soit que le qualificatif de chômeur est celui qui l'a le plus blessé. Etonnant non?
J'en connais qui préfèrent se faire traiter de chômeurs ou même d'artiste que de banquier.
J'avoue être traité de chômeur, c'est un coup bas...pourquoi pas rmiste pendant qu'on y est?
par contre ils n'ont pas mis alcooliques...est ce par respect pour Gervais Martel?
manquerait plus qu'ils nous traitent de gauchistes là ça serait le pompon
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