vendredi 4 novembre 2011

Grèce Hebdo incendié : la piste ultra-libérale privilégiée

"Il ne reste plus rien. Le peuple humilié, la démocratie en miettes, la souveraineté carbonisée. Un champ de ruines." Le rédacteur en chef de Grèce Hebdo, Georgios Papandreou dit Pap, constate les dégâts après l'incendie qui a ravagé les locaux du journal. D'après les premiers éléments de l'enquête, l'incendie d'origine "criminelle", aurait été provoqué par une spéculation boursière décidée lors d'un cocktail (molotov). Sur place, Claude Guéant évoquait "un attentat contre la démocratie". Et la piste capitaliste intégriste est privilégiée.

Le même alibi que pour le crime de l'orient-express

Cette attaque survient alors que le journal avait annoncé la publication d'un numéro spécial Démocratie. Le journal satirique, rebaptisé Référendum Hebdo pour l'occasion, avait décidé de faire de Jean-Claude Trichet son "rédacteur en chef" afin de fêter "le plan de rigueur" en Grèce. Et il évoquait dans son éditorial, l'éventualité d'un référendum. Pour Pap, il ne fait aucun doute que l'incendie est lié à la sortie de ce numéro spécial. "Nous avons reçu beaucoup de menaces sur les réseaux sociaux. On nous prédisait la faillite, la sortie de la zone euro..." En effet, il faut savoir que les ultra-libéraux considèrent comme blasphématoire la représentation des prophètes. "Selon eux, il n'y a pas de responsabilité individuelle. Le capitalisme est l'ordre naturel des choses!". Sans oublier l'appel au référendum, "véritable déclaration de guerre" aux agences de notation. Par ailleurs, le piratage du site web a été revendiqué dans la nuit par un groupuscule intégriste nommé FMI.

"100 000 fonctionnaires de moins si tu n'es pas mort de rire"

Sitôt la nouvelle annoncée, les réactions se sont multipliées. De Brice Hortefeux à Marine Le Pen, en passant par Manuel Valls, toute la classe politique s'est mobilisée pour défendre la liberté de la presse. "La liberté d’expression est une valeur inaliénable de notre démocratie et toute atteinte à la liberté de la presse doit être condamnée avec la plus grande fermeté" s'est exclamé François Fillon. Pour faire progresser l'enquête, le premier ministre a demandé à Claude Guéant de s'adjoindre les services de Bernard Squarcini, "un vrai spécialiste de la liberté de la presse".

Du côté des quotidiens nationaux, c'est aussi la consternation qui prévaut. Et la mobilisation générale a été décrétée. Si bien qu'Arnaud Lagardère, Bernard Arnaud, François Pinault, Serge Dassault et Edouard de Rothschild ont signé un éditorial commun au titre évocateur : "Nous sommes tous des anticapitalistes".