mardi 16 mars 2010

Elections régionales: que la campagne est belle

Les batailles électorales se gagnent sur le terrain de la communication, les appareils politiques le savent bien et dans ce domaines coups tordus et basses manœuvres sont légion.
On se souvient de « Home » film orienté diffusé juste avant les dernières élections Européennes, qui mettait l’accent sur un sujet jusque-là peu évoqué : nos sociétés capitalistes productivistes et industrielles ont un impact sur l’environnement et si on continue à rien changer, ça risque de ne pas s’arranger. Résultat, les électeurs les plus crédules s’en étaient allés voter par milliers pour les listes d’Europe Ecologie, faisant courir du même coup un risque à nos démocraties en mettant à sa tête des illuminés qui pensent qu’aimer les fleurs et avoir élevé des chèvres donne une légitimité pour présider aux destinées de l’Europe.

Le parti socialiste échaudé par cette affaire était en alerte à la veille des élections Régionales, et c’est par la voix de Jean-Jack Queyranne notamment qu’elle a demandé la déprogrammation d'Ushuaïa Nature, en vain. La secte écologiste dont Nicolas Hulot est le gourou soutenu par le CSA a encore eu libre antenne sur la chaîne de Martin Bouygues. La mise en garde semble quand même été avoir été entendue par les citoyens puisque TF1 a connu en terme d’audience sa pire soirée depuis 1985, avec seulement 16,5% des téléspectateurs devant Ushuaia Nature. Si ce score est comparé aux 12,2% obtenus par Europe Ecologie dans les urnes ça fait quand même 4,3% d’électeurs qui ne se sont pas laissés influencer par les messages subliminaux de cette émission, la bataille valait donc d’être menée.

Ecoute Jean-Jack comme on a pas d'idée nouvelle à proposer ce qu'il faut c'est éviter que la télé fasse réfléchir nos électeurs sinon on est foutus.



À la mi-temps de cette élection c’est au tour de l’UMP de s’offusquer d’une nouvelle confiscation de l’antenne : émissions spéciales, ouverture des journaux télévisés, une des magazines, rien n’est épargné à la majorité, l’appareil médiatique dans son entier est mis en branle. Tout est bon pour propager une idéologie gauchiste d’un autre temps et les mots choisis pour stigmatiser la droite sont durs et sans appel. On pourrait penser que des franges du Parti Socialiste Révolutionnaire infiltrées dans les médias sont derrière cette manipulation mais elle est en fait l’œuvre d’un seul homme : Jean Ferrat.


Il y a toujours eu de belles moustaches à gauche

Frederic Lefebvre a sa petite analyse sur le sujet: « ne me dites pas que c’est un hasard, un chansonnier qui est d’habitude si discret qui s’invite comme ça dans l’entre deux tours, il est partout et personne ne dit rien alors que je remarque que dès que c’est Nicolas Sarkozy qui monopolise les médias tout le monde s’offusque dan ce pays ».
On comprend l’émoi que cette campagne de déstabilisation provoque dans la majorité, tant les mots de Jean Ferrat sont sans ambiguïté.

« La France qui gagne
Les p'tits boulots
Les années bagne
Métro dodo
La France qui trinque
Dans les banlieues
Passe-moi la s'ringue
A être heureux
Si t'as des fois
Mal aux magouilles
L'état de droit
Qui part en couilles
Si ça te ronge
Aux entournures
Prends donc l'éponge
Aux fausses factures »

La chaine France3 forte de son ancrage régional est à la tête de cette campagne qui ne dit pas son nom, elle proposait lundi soir une rétrospective consacrée au chanteur partisan (déprogrammant au passage un reportage sur les survivants d’Haïti qui attendront bien la fin des élections). En point d’orgue une émission spéciale ce mardi en direct d'Antraigues-sur-Volane, en Ardèche, devrait peser sur le vote en Rhône-Alpes et permettre à Jean-Jack Queyranne (encore lui…) au coude à coude avec Françoise Grossetête de l’UMP de l’emporter.

Quelle que soit l'issue de cette élection il apparait clairement selon les derniers sondages que c'est au peuple de gauche que la voix de Jean Ferrat va le plus manquer au moment du décompte.


« Quand on n'interdira plus mes chansons
Je serai bon bon bon bon bon bon bon
Quand on n'interdira plus mes chansons
Je serai bon à jeter sous les ponts

Enfant chéri des monopoles
J'aurai mon avenir assuré
J'invent'rai plus de carmagnoles
Qu'avec l'accord de l'Elysée
Je deviendrai super enzyme
Je deviendrai super glouton
En glorifiant à plein régime
L'Europe des supers patrons »

lundi 15 mars 2010

La rumeur

Elle court, elle court La rumeur. Amplifiée, déformée, elle occupe la toile et alimente les conversations. A la maison, au bistrot, à la machine à café, tout le monde ne parle plus que de ça : la politique de Nicolas Sarkozy serait une catastrophe sociale. En parcourant (le nez bouché) certains sites "bien informés" de la tentacule internet, on est abreuvé de chiffres extravagants. Du taux chômage au nombre de travailleurs précaires, de minimum vieillesse au seuil de pauvreté, tout est bon pour alimenter La rumeur. Jusqu'aux réductions de charges patronales, niches fiscales et dette de l'état.

"Une catastrophe sociale et pourquoi pas un réchauffement climatique aussi??"

La presse, fidèle à la tradition française, a choisi d'ignorer le phénomène. "C'est un choix éditorial fort. La vie politique n'a pas à être étalée sur la place publique. La politique sociale ou fiscale doit être réservée aux experts, aux politiques et ce n'est sûrement pas aux journalistes de s'en préoccuper. Et elle ne concerne pas les citoyens. Vous aimeriez, vous, que l'on discute du budget de votre famille dans la presse?". La position de Laurent Joffrin reflète assez bien celle de l'ensemble des médias français, qui se bornent à évoquer de loin la rumeur sous le nom de "crise". La presse étrangère n'a pas les mêmes pudeurs. Et n'hésite pas de son côté à évoquer le fiasco du président, parlant d'État en faillite et de modèle social démantelé.

La presse française a une éthique

Alors d'où vient la rumeur? Quelle en est l'origine? C'est Benjamin Biolay qui aurait mis le feu aux poudres. Au sortir d'une nuit dans un hôtel de Bangkok avec Carla Bruni, il aurait écrit sur twitter : "Carla a faim. Apparemment Sarko est une catastrophe sexuelle". Le téléphone arabe faisant le reste.

Peu de responsables politiques ont eu le courage de répondre aux questions sur La rumeur. Seule Chantal Jouanno, la secrétaire d'État à l'écologie, a tenu à réagir : "Tout ceci est ridicule. Les français constatent chaque jour d'eux-mêmes les résultats de la politique du président". Un président qui, selon elle, est très affecté par ces divagations : "Il est miné et nos relations sexuelles s'en ressentent. Il est devenu au sexe ce que le kata est au karaté : les coups ne sont pas portés".

Sur internet, on trouve aussi des sites qui entretiennent la peur du progrès

"Ces rumeurs persistantes, ça frôle quand même le totalitarisme 2.0" se fâche le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre. "Quand on entend dire que Nicolas Sarkozy est le président des patrons, qu'il a été élu pour prendre aux pauvres et donner aux riches, le tout sous le regard bienveillant des médias, ça fait quand même un tout petit peu théorie du complot. Si ça n'était pas dangereux, c'en serait risible". Du côté de l'UMP, on fera tout pour que La rumeur ne se transforme pas en révolte sociale.

jeudi 4 mars 2010

La digue du cul

"C'est malheureusement la démonstration tragique que notre système de digues réparties sur tout le littoral n'est plus viable". Si on en croit la ministre de l'Écologie Chantal Jouanno, la tempête qui a ravagé l'ouest de la France semble avoir sonné le glas des digues par répartition. Et le plan digue actuellement en préparation devrait proposer une réforme en profondeur de notre protection littorale.

Une bonne tempête c'est aussi l'occasion de nettoyer sous les meubles

C'est Nicolas Sarkozy qui a tracé la voie de la réforme : "A vouloir protéger tout le monde des inondations, on n'a finalement protégé personne. Il faut imaginer un système plus souple, plus flexible, plus moderne". Car le climat mondial a évolué plus vite que notre protection et les tempêtes d'aujourd'hui ne sont plus celles de 1945. Un constat qui appelle à changer de philosophie. "La volonté, légitime d'ailleurs, des français de protéger leur famille des tempêtes ne doit pas nous enfermer dans un carcan. Les digues françaises sont non seulement inefficaces car délabrées mais elles remettent en cause la libre circulation des vents et des marées mondiales, qui est un principe démocratique avec lequel je ne transigerais pas".

La relance du secteur automobile est en bonne voie

Hors de question donc de rénover les digues vieillissantes "qui sont un frein à notre compétitivité". François Fillon entend réformer ce système archaïque en favorisant la digue particulière : "On va inciter les français à investir dans leur propre digue avec des aides du type déductions d'impôts. On favorisera aussi l'achat de pompes". De plus, la gestion des ultimes digues collectives devrait être confié au secteur privé sous forme de concessions. En contrepartie du risque accru, les assureurs verront leurs prérogatives étendues et les assurances-vies deviendront "encore plus attractives".

Le plan digue est bien sûr très loin de faire l'unanimité. L'opposition et les syndicats dénoncent une réforme qui "pénalise une fois de plus les classes populaires", même si le Parti Socialiste ne se dit pas "opposé par principe à une privatisation partielle de la protection littorale". Face à cette levée de boucliers, l'UMP, par la voix de son porte-parole Frédéric Lefebvre, est monté au créneau pour défendre le projet gouvernemental : "Les Français ont bien compris que la démographie en bord de mer ne nous permet plus de financer notre protection littorale. A moins d'augmenter les impôts bien sûr!". Par ailleurs, Xavier Bertrand a rappelé que nous "sommes dans une ère de climat global. Pourquoi la France se paierait le luxe d'avoir des digues quand des pays émergents comme la Chine et l'Inde s'en passent. Ce serait une folie que de faire fuir les vents mondiaux avec des contraintes trop lourdes".

En espérant que la prochaine tempête ne rate pas sa cible

De son côté, Laurence Parisot, tout en se félicitant du maintien du bouclier littoral pour les foyers fiscaux supérieurs à 800 000 euros - "un geste pour les classes moyennes" - a encouragé le gouvernement à poursuivre son effort : "C'est une réforme courageuse dont on ne peut pas faire l'économie. Il faut que les français deviennent riscophiles, qu'ils acceptent une société, une vie un peu plus précaires mais créatrices de richesse. Bien sûr, ce n'est pas facile de retrouver mémé noyée dans son pavillon, mais si on peut gagner 1 point de croissance". Par contre, la présidente du MEDEF est restée discrète sur l'existence de "golden digues" pour les patrons du CAC : "On ne va quand même pas laisser les vagues balayer nos villas du bassin d'Arcachon comme de vulgaires caravanes".