jeudi 27 mars 2008

Formatage de l'esprit à l'entreprenariat

"Donnez-nous plus d'indépendance, déliez nos mains,
élargissez nos champ d'action, relâchez la tutelle, et nous ...
Je vous le jure : nous la redemanderons immédiatement, cette tutelle."

Dostoïevski, Notes écrites dans un souterrain.


Formatage de l'esprit à l'entreprenariat


Cela vous aura sans doute échappé, comme à moi, mais il semble que la volonté d'inculquer l'esprit d'entreprise aux jeunes soit l'une des lubies du moment de nos politiques à l'échelle européenne avec un premier jalon en 2010. Comment s'y prennent-ils ? Enquête.

La commission européenne a mis sur pied début 2004 un plan d'action sur l'esprit d'entreprise qui trahit ouvertement la volonté des technocrates illégitimes de modeler les esprits des jeunes Européens en faisant la promotion de l'image de l'entrepreneur qui figure dans toute sa majesté sur la couverture du livre vert de l'esprit d'entreprise.



Pourtant, c'est de l'arithmétique niveau CM2, il y aura toujours plus de salariés que de patrons d'où la nécessité pour les premiers, par un artifice mental acquis pendant les études, de considérer qu'ils ne sont plus de simples employés mais des chefs d'entreprises (individuelles) à part entière, pleinement responsable de leur avenir professionnel, étape vers une généralisation de la prestation de services et l'acceptation de fait d'une précarisation de l'emploi.




Dans le contexte actuel perçu comme hyperconcurrentiel à l'échelle mondiale, nos jeunes ne doivent plus dormir sur les lauriers plantés par les générations précédentes : tout est à refaire mais avant de tricoter, il faut détricoter. L'oisiveté sera (peut-être) pour les générations futures, en attendant, l'entreprise (individuelle), sa morale, ses valeurs, sont encensées dans le but à peine masqué de formater les esprits.

L'objectif annoncé de ce plan d'action est "d'assurer à tous les étudiants un accès au cours de leur formation à l’esprit d’entreprise, la Commission invite les États membres à inscrire l’éducation à l’esprit d’entreprise dans les programmes de tous les établissements d’enseignement et à proposer aux écoles les aides adéquates pour leur permettre de mettre en place des systèmes d’éducation performants et de qualité (…). » (sic)
Cette "non société" d'entrepreneurs indépendants répond parfaitement aux propos de Thatcher (1987) : « There is no such thing as society. There are individual men and women and there are families ».



Quel monde merveilleux en perspective qu'un agrégat de chefs d'eux-même déliés les uns des autres, débarrassés de l'étreinte que font pesés les autres sur soi et juste assez mégalo pour se mettre au centre de cette masse désocialisée. Imaginons un monde dominé par l'ambiance chaleureuse de la Défense et des autres centres d'affaires, peuplés de clônes en costume-cravate, motivés et nombrilistes, apaisés et apolitiques, sans conviction ni revendication sinon celle de posseder un pavillon, une voiture 4x4, un chien et accessoirement deux enfants.
Quelle merveilleuse utopie, mais comme toutes les utopies ...

Le formatage des esprits à toujours été le fantasme des hommes de pouvoir dès qu'ils ont su à quel point cette matière était malléable. Pour diffuser pareille vision de la société, il faut que ces hommes d'influence aient été eux-mêmes passablement endoctrinés ! Comme quoi l'endoctrinement n'est pas le monopole des régimes totalitaires crypto-communistes.

3 commentaires:

Jean-Pierre Martin a dit…

La couronne vous va à merveille, Karl-Hyp !

Anonyme a dit…

Mon cher Carli Polype du Côlon,

De grâce, n'attribuez pas trop vite de velléités big-brozériennes à nos chers gouvernants.
Eux qui aspirent par dessus tout à l'épanouissement de nos talents cachés.
L'esprit d'entreprise, on naît avec :
le géant vert surgit, volontaire et souriant, d'une touffe de poils de foufoune.
Hulk ! Hulk ! Hulk !

Jean-Pierre Martin a dit…

Laissez tomber, s0l0xal, Karlype voit le mal partout...