Le ministre Eric Besson a été interpellé cet après-midi dans les locaux de l'UMP. C'est un simpe contrôle d'identité qui a permis aux forces de l'ordre de constater que monsieur Besson ne possédait pas de carte de l'UMP et était donc en situation irrégulière sur les terres de la droite française. "Les premières investigations montrent que Eric Besson est entré de manière illégale à l'UMP, vraisemblablement entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2007. Et depuis sa situation n'a fait l'objet d'aucune régularisation. Il est de fait expulsable" confiait un proche de l'enquête. En attendant son passage devant le juge, Eric Besson a été placé en centre de rétention, un traitement jugé inhumain par son avocat : "Ces conditions de détention sont sordides. Les gens sont parqués comme des animaux. Mais quel crime a t'il commis? Celui de ne pas avoir sa carte de l'UMP. C'est une pratique contraire à un état de droit".
L'arrestation d'Eric Besson est le point d'orgue de la chasse aux sans-carte menée par la droite française. Une traque qui frappe sans discernement aussi bien de vulgaires arrivistes que ceux qui cherchent de bonne foi à s'intégrer. Car le parcours d'Eric Besson est en tout point exemplaire. D'origine socialiste, il est depuis l'adolescence fasciné par le pouvoir et se sent à l'étroit dans un parti incapable de se mettre en ordre de marche pour les présidentielles. C'est en 2007 qu'il prend la décision de tout quitter et de partir en quête d'une vie meilleure, là-bas, de l'autre côté du MODEM. La droite, cette terre promise où il sait que tout est possible, où tous ses rêves peuvent devenir réalité. Lui qui aime à dire "je suis né socialiste, mais mon coeur est à droite", s'investit corps et âmes pour s'intégrer. Il apprend rapidement la langue et s'approprie tous les tics de son mentor, Nicolas Sarkozy. Il apprend la lâcheté, la trahison. Il redouble d'ardeur pour défendre le libéralisme, le racisme et toutes les valeurs qui font de l'UMP un grand parti. Un parti dont il est fier. Mais un parti qui ne veut pas de lui. "La droite tu l'aimes ou tu la quittes" avait déclaré Frédéric Lefèvre. Eric Besson aime la droite. Peut-être trop. Trop proche de l'extrême-droite pensaient certains, dans sa haine affichée de l'étranger.
Il avait réussi à duper les plus vigilants
Eric Besson risque donc à tout moment d'être expulsé vers le Parti Socialiste. Un parti dans lequel il n'a plus d'attaches. Un parti où il risque sa vie: "Eric court un vrai danger à retourner au PS. Ces activités politiques passées le destinent à un placard dès son arrivée. L'UMP l'envoie à sa perte" déclare, apeurée, son épouse."On vit dans la crainte. Je n'ai pas pu le voir depuis son incarcération. Notre famille est déchirée. Notre couple tangue". D'ores et déjà, l'avocat de la famille Besson a déposé une demande d'asile politique. Par ailleurs, il pourrait aussi essayer de faire jouer le regroupement familial. En effet, Bernard Kouchner, qui serait un cousin éloigné de la famille Besson, possède des papiers de droite en règle. Mais monsieur Besson devrait, pour cela, se soumettre à un test ADN , "une mesure qu'il juge vexatoire et attentatoire aux droits de l'homme" d'après son avocat.
Pendant ce temps, la police cherche à remonter la filière clandestine. En effet, Eric Besson serait loin d'être un cas isolé d'immigration illégale entre le PS et l'UMP. Dominique Strauss-Kahn, Michel Rocard, Jean-Pierre Jouyet, Jack Lang et tant d'autres font craindre une véritable invasion aux cadres de la droite française. Une enquête qui pourrait permettre à Eric Besson de sauver sa peau. "La délation est un devoir citoyen. Si monsieur Besson nous donne le nom de ses passeurs, nous pourrons envisager une régularisation" assure le député Frédéric Lefèvre. Mais pour l'instant, l'ancien socialiste se refuse à jouer les "balances". Il se murmure qu'il risquerait plus politiquement à donner des noms (très haut placés) qu'à retourner au PS.
"Je me barre au mercato!"
La question des flux migratoires entre la gauche et la droite est en tout cas loin d'être résolue. "Il faut absolument développer notre politique d'aide au développement des partis de gauche" résume le premier ministre François Fillon. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que depuis deux ans, ce gouvernement s'y emploie : du bouclier fiscal à l'autisme social, l'équipe de Nicolas Sarkozy offre toutes les armes au PS pour se développer. Saura t'il saisir cette chance?
11 commentaires:
Mais ça fait un moment qu'il n'y a plus de frontière entre le PS et l'UMP ...
Enfin une bonne nouvelle en ce lendemain de grève!
Très fort l'article!
see ya!
Comment ne pas comprendre Monsieur Besson? (que connaissent plus de gens qu'on ne le dit).
Comme disait un grand penseur contemporain:
"Le drame du PS, c’est que l’homme socialiste n’est pas assez entré dans l’histoire. Le socialiste [...] ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. [...] Jamais le socialiste ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin."
Tout est dit. Il n'est donc que très compréhensible que Monsieur Besson veuille s'inventer un destin. Je plaide solennellement pour la plus grande indulgence. Qu'on lui donne sa carte de l'UMP, il l'a bien méritée.
Tout simplement excellent!
Comment mettre à terre les menées anti-démocratiques d'un gouvernement, c'est un petit cadre qui a trouvé la recette. C'est pas un petit écrivain en tous cas.
Grand Fakir Ali ==> +1
A quand une fusion UMP-PS-MoDem, pour simplifier un peu le jeu politique et enfin cerner les véritables bords politiques ?
Et sinon, excellent article, comme toujours =D
Bonjour
Je découvre votre blog avec beaucoup de plaisir.
Le mélange pertinence-impertinence est savoureux, j'apprécie!
Bonne continuation dans cette veine là.
Florence
Vous êtes tout simplement épatant. J'espère que Rocard, ambassadeur des pingouins vous inspirera.
Meric encore
la cravate rouge, c'est un clin d'oeil à mon endroit ?
http://gauchedecombat.wordpress.com/2009/03/22/carton-rouge/
Rigolade à part, allez donc -si ce n'est déjà fait- voir Welcome, le film de Lioret, cela vous aidera à connaitre Monsieur Besson et le beau métier qu'il exerce.
J'ai déjà vu le Grand Bleu, ça m'a suffi, merci !
Rigolade à part, oui c'est vrai.
Ces flux migratoires ont déjà eu lieu : une première vague de colonisation de la Droite a eu lieu dans les années 30 avec Doriot ou Drieu La Rochelle !
Du temps de la guerre froide, les frontières étaient plus surveillées et l'espérance dans le socialisme permettait à la jeunesse de gauche de croire à un avenir professionnel au sein de sa famille politique. Et patatra !
Pour arrêter ces flux, une seule solution : redonner de l'espoir à ces cadres de gauche pour qu'ils restent chez eux !
Vive le socialisme !
Eric, Evreux
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