mardi 9 décembre 2008

Le gouvernement grec évoque le caractère ethnique des émeutes

Alors que la Grèce a connu son troisième jour de violences urbaines, et que les émeutes s'étendent à tout le pays, le gouvernement a durci le ton et n'entend pas se voir dicter sa ligne de conduite par la rue. Bien loin d'y voir une crise de régime ou un malaise social, le président Chiracopoulos, dans une allocution télévisée, a évoqué le caractère "racial" de ces troubles.« Cette situation grave témoigne d’une crise de sens, une crise de repères, une crise d’identité, à laquelle nous répondrons en étant fermes, en étant justes, en étant fidèles aux valeurs de la Grèce […]. Ces événements témoignent d’un malaise profond. […] Les enfants, les adolescents ont besoin de valeurs, de repères. Les familles doivent prendre toute leur responsabilité. […] Celles qui s’y refusent doivent être sanctionnées. Celles qui connaissent de grandes difficultés doivent en revanche être activement soutenues. […] Ce qui est en jeu c’est le respect de la loi mais aussi la réussite de notre politique d’intégration. Il faut être strict dans l’application des règles du regroupement - familial. Il faut renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière et les trafics qu’elle génère. […] Je veux dire à tous les enfants qui vivent dans les quartiers difficiles que, quelle que soit leur origine, ils sont toutes et tous les fils et les filles de la République. […] Nous ne construirons rien de durable sans assumer la diversité de la société grecque". En assimilant les violences et l'immigration irrégulière, le gouvernement conservateur passe à l'offensive sur ses thèmes de prédilection. Dans la foulée, le président a décrété l'état d'urgence.

La ville de Delphes après le passage des émeutiers


Par ailleurs, dans l'enquête sur la mort du jeune Alexis Grigoropoulos qui avait mis le feu au poudre, le ministre de la police, Nikolos Sarkozis a réfuté tout dysfonctionnement des forces de l'ordre. S'il a confirmé que le jeune avait bien été tué par balles, il a en revanche déclaré que "l'enquête avait mis hors de cause les policiers incriminés. A priori on se dirige plutôt vers la piste du règlement de comptes entre bandes ethniques rivales". Par ailleurs, il a tenu à féliciter les forces de l'ordre pour leur sérénité : "Il faut savoir que le jeune qui est mort samedi soir était un délinquant. Il venait de commettre un cambriolage avec ses amis Zyos et Bounos. Ils tentaient tous de se réfugier dans un transformateur électrique, ce qu'ils auraient sans doute fait si la police ne les en avaient empêchés. Grâce à leur action, on a évité un drame beaucoup plus grand". Le ministre a approuvé la fermeté affichée par le chef de l'Etat : "En ces temps troublés, il ne faut pas tout confondre. Nous n'affrontons pas une crise sociale. Il s'agit de mettre au pas une infime minorité de casseurs qui jouissent d'une impunité totale dans ces quartiers. Et je tiens à rendre hommage à l'opposition et à son rôle responsable dans cette affaire".

L'opposition socialiste a en effet tenu à ne pas attiser les violences et a appelé au calme dans la journée. Pas question pour elle de polémiquer avec le gouvernement sur le thème de la sécurité, même si le député Peillonopoulos s'est fendu d'un "Avec Sarkozis c'est la chienlit! ". Elle a néanmoins réclamé plus de moyens pour la politique d'intégration.


Les jeunes d'origine grecque ont la culture de la violence gratuite


Car, et tout le monde semble s'y accorder, c'est bien l'intégration de ces jeunes blancs d'origine grecque qui semble être le noeud du problème. Les débats à l'assemblée et dans les médias ont relégué bien loin les questions sociales telles que le chômage ou le logement pour s'attarder longuement sur l'immigration et la religion orthodoxe. Nikolos Sarkozis a « demandé aux préfets que les étrangers, qui sont en situation régulière ou irrégulière, qui ont fait l'objet d'une condamnation, soient expulsés sans délai de notre territoire, y compris ceux qui ont un titre de séjour. Quand on a l'honneur d'avoir un titre de séjour, le moins que l'on puisse dire c'est que l'on n'a pas à se faire arrêter en train de provoquer des violences urbaines ». Par ailleurs, le ministre avouait que la religion orthodoxe de beaucoup d'émeutiers posaient problèmes : "il y a plus de problèmes pour un enfant orthodoxe que pour un fils de Suédois, de Danois ou de Hongrois. Parce que la culture, parce que la polygamie, parce que les origines sociales font qu'il a plus de difficultés". La polygamie de beaucoup d'orthodoxes d'origine grecque est ainsi stigmatisée. La président de l'assemblée M.Accoyeris et le ministre de l'emploi M. Larcheros ont abondé en ce sens, rejoints par de nombreux intellectuels tels que Mme Carrera Dencos : « Tout le monde s'étonne : pourquoi les enfants grecs sont dans la rue et pas à l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C'est clair, pourquoi : beaucoup de ces grecs, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues. » Alanos Finkielkropoulos, le célèbre intellectuel, a posé en des termes neufs le problème identitaire qui agite la Grèce d'aujourd'hui : "L'équipe grecque de football aujourd'hui c'est 'blanc, blanc, blanc'. Elle fait la risée de toute l'Europe".

Le cerveau des attentats


Le porte-parole du gouvernement n'a pas tenu à s'étendre sur le rapport des services de renseignement faisant état d'une possible instrumentalisation des jeunes par des chefs religieux. Il se murmure en effet dans l'entourage du ministère de la police, que des popes orthodoxes, plus communément appelés "les barbus", agiraient en sous-main pour créer le désordre en Grèce et préparer le terrain à d'éventuelles attaques terroristes. L'information n'a pas été avérée, mais les réactions sont déjà virulentes, à l'image du député Filipos De Villieris qui réclame "l'intervention de l'armée".

14 commentaires:

Anonyme a dit…

On paye l'irresponsabilité de la chienlit de l'esprit 74 !

Anonyme a dit…

Il paraît que les éphèbes révoltés se rassemblent aux cris de "Niklapolis" ou "Nikolapolis" (je ne suis pas trop sûr). Mon grec est un peu rouillé, quelqu'un saurait-il ce que cela signifie?

Anonyme a dit…

La jeunesse grecque est la métèque de l'intérieur...

Anonyme a dit…

mais qu'en pense Karlabrunis l'épouse du président ?

Anonyme a dit…

A voir comment ces sauvages ont massacré Delphes, ça te coupe la Pythie!

Anonyme a dit…

A propos, quand on parlait de la Thaïlande, je m'étonne qu'on n'ait pas entendu nos gras touristes blafards -- pardon, nos vacanciers méritants qui réinjectent le fruit de leurs heures sup et de leurs stock-options dans l'économie locale -- se plaindre d'être pris en otage par ces foutus grévistes et manifestants corporatistes qui bloquaient les aéroports. Certes, on a quelque peu entendu des chefs d'entreprise se lamenter du fait qu'ils allaient reprendre leur travail avec une semaine de retard, et que du coup, ils allaient perdre autant de chiffre d'affaires (à moins que ce ne soient des indemnités de chômage technique, mais entre gens bien, on se comprend).

Mais je n'ai pas l'impression que nos médias aient donné la parole au touriste français qui avait tout droit de se plaindre de la scandaleuse prise d'otages exercée par les Niaquoués. Cette mansuétude de nos médias à leur égard est aussi surprenante que révoltante. Je subodore entre les journalistes et les preneurs d'otage une complicité et une connivence qui ne dit pas son nom : que devient la déontologie journalistique, je vous le demande ?

Le Président a raison, il est temps de nommer des gens responsables à la tête du service public de l'audiovisuel, et d'imposer une loi de service minimum dans tous les pays où nos cadres méritants prennent leurs vacances.

Anonyme a dit…

Bon, sans rire, là, faut reconnaître que Mr Bernard s'est surpassé, et encore s'est-il abstenu de ce genre de considérations, comme cette condamnation provenant du Ministère de la Protection des textiles et qui déclare à tous les jeunes prénommés Paul qu'il serait préférable de ne pas faire d'accroc!

Mieux même, alors qu'Emcee nous souhaite une bonne à Pythie et qu'à Athènes il serait temps de mettre un terme aux Pyles, alors quon ne sait même pas où les salauds niquent, ce serait la moindre des choses de dire aux dirigeants corrompus de ce beau pays :"Maintenant vous partez, non..!?"

Anonyme a dit…

brrrr.... voilà qui me rappelle douloureusement les terribles émeutes de septembre 2006 en pas-banlieue

Anonyme a dit…

Tous des enculés !

Jean-Pierre Martin a dit…

Rhhoooooo

Anonyme a dit…

@Patrick

Voui, mais eux ils mettent déjà le feu !

Nous, on met encore de l'huile ...

Anonyme a dit…

Faut pas confondre "mettre de l'huile" et s'enduire de vaseline.

Anonyme a dit…

@Yelrah

C'est bien l'idée :
Faudrait pas, non ...

Anonyme a dit…

Rien de surprenant ; c'est un discours de droite classique quoi !