Je voudrais rendre un hommage. Un hommage mérité aux petites mains de la Sarkozie, ceux qui tous les jours, dans l’ombre, travaillent à l’érection de la Nation Française et restent malheureusement méconnus du Grand Public, loin des feux de la Croisette.
Souvenez-vous, c’était l’an dernier : la directrice de l’école primaire Rampal dans le XIXème arrondissement de Paris, Valérie Boukobza, s’était mobilisée avec d’autres membres du personnel de l’Education Nationale et parents d’élèves contre les rafles et violences policières à l’égard des étrangers aux abords des écoles.
Ca les gênait, soit-disant parce que ça leur rappelait des souvenirs désagréables. On ne voit pas bien à quoi ils faisaient allusion et de toute façon la situation avec les Juifs n’est pas comparable, point final.
Aussi, prenant toute la mesure de sa fonction, l’Inspecteur de l’Académie de Paris chargé du premier degré (NDLR : ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas rigoler avec lui, ça veut dire qu’il s’occupe d’inspecter les écoles primaires), Monsieur Edouard Rosselet, avait courageusement convoqué cette fonctionnaire pour lui rappeler que son rôle était d’être au service de l’Etat et pas d’aller bouffer des saucisses avec les syndicalistes. La déontologie, c’est pas pour les chiens, et ça consiste à obéir aux ordres. Rompez.
Au passage, il avait aussi rappelé avec une hauteur de vue certaine que l’"usage de la force" était nécessaire dans certains cas. Nul besoin de citer les références historiques, on aura tous compris.
Une démonstration d’éthique professionnelle, en somme, puisqu’il avait trouvé lui-même les arguments permettant de défendre sa hiérarchie (rappelons que les Inspecteurs d’Académie sont nommés par le Ministre). Autant dire que la fonctionnaire irresponsable a moins fait la maline par la suite.
Et puis, il y a eu cette polémique désobligeante au sujet de la base élèves, ce fichier qui permet de « garantir la sécurité des enfants ». Ben oui, il permet de savoir combien de verres boivent les mamans le soir et combien il y a eu de suicides dans la famille.
C’est important, au cas où la recherche aurait enfin permis d’identifier les gènes du crime. Car on s’en souvient, l’ancien Ministre de l’Intérieur avait patiemment expliqué au philosophe Michel Onfray que le suicide des jeunes et la délinquance, c’était avant tout un problème de gènes.
C’est-à-dire que d’un côté, il y a les gens normaux, et de l’autre, les dégénérés. L’Inspecteur chargé du premier degré avait donc immédiatement enclenché l’étape suivante avec le questionnaire. Comme ça, on se sent plus en sécurité, sachant que bientôt la police, les services sociaux, les profs, l’ANPE, les impôts, les médecins, les banquiers, les assureurs, les commerçants et les agents immobiliers pourront avoir accès à ces informations.
Donc avant-hier, mardi, un mouvement d’instituteurs et de parents d’élèves d’inspiration fortement bolchevisante grouillait devant le bureau de l’Inspecteur pour grogner, comme d’habitude. Ils n’aiment pas ses méthodes, paraît-il.
Edouard Rosselet avait en effet démontré qu’il savait lui aussi faire « usage de la force », en réquisitionnant auprès des concierges d’école les numéros de portable des directeurs, et sommant ceux-ci de lui fournir le nom de grévistes, sous peine de les destituer de leur fonction de directeur.
Recevant la délégation, et de peur que la presse se mêle de ce qui ne la regarde pas, Edouard Rosselet a fait preuve d'imagination en annonçant que, un peu comme à l’armée, les fonctionnaires de l’école primaire avaient un devoir de réserve.
S’agit-il du zèle d’un fonctionnaire qui, par son expérience, sait devancer les désirs de ses supérieurs, ou applique-t-il, comme à l’armée, des consignes ?
Le Ministre Xavier Darcos, interrogé le 16 mai 2008 sur France 2, niait vouloir « ficher les grévistes », tout en affirmant ne pas tenir compte de leurs noms. C’est-à-dire qu’on les note quand même, mais, parole d’Homme Politique, on ne les regardera pas.
Saluons donc l’initiative zélée de ce fonctionnaire méritoire, à deux mois de la retraite, et souhaitons-lui de recevoir, si ce n’est la Palme d’Or, au moins une petite Légion d’Honneur en regard des services rendus à la Nation.
Son successeur aura la lourde tâche de reprendre tous ces dossiers, avec les noms, les numéros de portable, les fichiers et tout, et de continuer la mission d’inspection que la Nation lui confie.
Il s’agit d’Arnaud Teullé, l’ex-futur maire de Neuilly qui s’est pris en avril un gros coup dans les urnes. Maire de Neuilly, Inspecteur d’Académie, peu importe après tout, tant qu’on a la fibre…