"Ce n'est pas un retour en arrière, c'est un instrument de liberté, pour un citoyen, c'est de savoir parler sa langue, sait de savoir l'écrire, c'est d'avoir des idées de la grammaire, et des idées de l'orthographe." (15/02/2008, elysee.fr via lepost.fr)
Ce qu'a voulu dire par là le Président de la République française, en février de cette année, c'est que la langue est un instrument de liberté pour un citoyen, et qu'il souhaiterait imposer que tous les nouveaux citoyens français maîtrisassent dorénavant la langue française pour pouvoir y prétendre. Il présente cela non pas comme un retour en arrière, mais plutôt comme un grand bond en avant.
Brice Hortefeux a donc mis en application les souhaits du président en publiant un décret, à effet au premier décembre, qui précise que tout candidat souhaitant habiter en France en invoquant le regroupement familial devra passer au préalable un examen de français et en cas d'échec, se verra opposer un refus.
Il devra au minimum connaître les accords singulier/pluriel, masculin/féminin. Par exemple, tout candidat qui écrirait ou prononcerait la phrase suivante :
« Aujourd’hui, des milliers de gens à travers le monde ont peur, pour leurs économies, leur appartement, l’épargne qu’ils ont mis dans les banques »
se verrait immédiatement attribuer une note éliminatoire.
De même, les principes de base de la conjugaison devront être maîtrisés, et le langage petit nègre ne sera pas toléré. Par exemple, la phrase suivante :
« (...) les Etats-unis le font, le Canada le fait, l'Australie le fait, l'Angleterre le fait, l'Allemagne le fait, les démocraties du nord de l'Europe le fait (...) »
pourrait coûter cher aux futurs candidats.
Un minimum de vocabulaire sera exigé. Les petits malins qui essaieront de tricher en inventant des mots pour masquer leur ignorance seront interdits de repasser l'examen avant cinq ans. Par exemple, le mot "fatitude", ou même "bravitude", ne sont pas dans le petit Robert, et ne peuvent donc pas être acceptés. (Je rappelle que le règlement fait référence, comme au scrabble, au petit Robert, et il sera interdit de consulter le dictionnaire avant de proposer une réponse).
En outre, les abus de langage, les injures, les attitudes grossières seront d'emblée éliminatoires.
Enfin, il devra être capable de formuler des phrases élaborées, qui ne se limitent pas aux simples sujet, verbe, complément. Une expertise psychologique pourra même être réclamée. Par exemple, si l'on constate que le candidat n'utilise que des phrases à la première personne, elle pourra déterminer si c'est par ignorance de la conjugaison ou par narcissisme excessif.
Des critères stricts, mais qui restent tout de même assez basiques, et une personne saine d'esprit avec un niveau d'études correspondant à la sixième devrait pouvoir réussir l'examen sans trop de difficultés.
Le projet est ambitieux, mais rappelons les propos du Président, lors de son discours du mois de février : "Si on laisse faire, dans quelques années on aura du mal à se comprendre."
Pourtant, déjà, dans les couloirs de l'Elysée, on s'inquiète des dérapages possibles. Ce décret se limitera-t-il aux nouveaux candidats, ou ceux déjà présents sur le sol français devront-ils passer eux aussi l'examen ? Que faire des Français qui ne maîtrisent pas leur langue, où va-t-on les expulser ? Pire, pourra-t-on l'appliquer aux candidats à la présidentielle ?
Evidemment, on entrevoit déjà les dérives possibles du système, et il faut immédiatement placer des garde-fous si l'on ne veut pas que cette mesure puisse s'appliquer à n'importe qui.