Alors que le procès pour escoquerie visant la scientologie bat son plein, une autre organisation à tendance sectaire, l'UMP, est sur le grill judiciaire.En effet, plusieurs victimes présumées de la formation politique viennent de porter plainte et l'instruction pourrait déboucher sur un procès spectaculaire à l'horizon 2012.
De nombreux soupçons entouraient ce parti depuis plusieurs années, mais c'est la première fois que l'omerta est brisée. Et les témoignages recueillis par le juge sont accablants. Ainsi la déposition de Jacqueline, ouvrière dans l'automobile, met en lumière les moyens innovants de manipulation mentale exercée par la secte: "L'UMP est entré chez moi par un biais détourné. En 2002, j'ai acheté une télévision et il m'arrivait de regarder TF1. C'est là que j'ai découvert le gourou Sarkozy. Il était systématiquement présenté sous un jour favorable. On était inondé par sa parole. Il aurait fallu couper la télé mais son discours sécuritaire nous hypnotisait. Et c'est naturellement que j'ai voté UMP en 2007. J'ai vite compris mon erreur. Ma situation s'est considérablement dégradée. Mais mon vote m'engageait pour 5 ans, et chose non prévue au départ, il était payant..." Car l'UMP n'est pas une oeuvre caritative. Et chaque semaine, il faut apporter son obole, jusqu'à la ruine. "Le discours est très culpabilisant. Nous sommes en crise et il faut se serrer la ceinture pour sortir de cet état dépressif et payer pour suivre des thérapies qu'ils appellent Réformes. Ils ont commencé par hypothéquer ma future retraite, puis l'assurance maladie, puis le chômage. Il fallait dans le même temps travailler le dimanche, pendant les vacances. Il parlait même de supprimer les congés maladie".
Du côté de Madeleine, travailleuse précaire, c'est le même son de cloche. "J'étais désespérée. Je travaillais à temps partiel, je ne pouvais pas boucler mes fins de mois. Ils sont venus me voir en disant.'Viens avec nous, on va t'aider, tu vas travailler plus pour gagner plus.' J'y ai vraiment cru. Puis le piège s'est refermé. J'ai effectivement travailler plus, mais sans jamais gagner plus".
Bernard, chômeur longue durée, s'est lancé dans l'expérience UMP plus par dépit que par convictions : "J'étais au fond du trou. J'ai vu Nicolas Sarkozy à la télé dans une émission sur les télévangélistes. Ils disaient qu'on était menacés. Qu'il fallait construire un bouclier fiscal, faire des dons aux riches et que tout s'arrangerait. Dans un moment de faiblesse je me suis laissé tenter. J'ai voté UMP. Ensuite, ils m'ont sucré mes allocs chômage pour alimenter le bouclier. Ils me disaient que si j'étais chômeur c'est que j'étais fautif et qu'il fallait me purifier à coups de Réformes. Depuis j'en chie. J'ai l'impression de m'être fait arnaquer, même si j'espère que les Réformes vont me guérir".
C'est le discours sécuritaire qui a charmé Philippe, jeune retraité : "Je venais de me faire rayer ma bagnole et je ruminais ma colère quand un militant UMP m'a abordé. Il avait un discours catastrophiste et j'avoue, il a su me faire peur. Il disait qu'après ma voiture, c'est mes enfants ou ma femme qui seraient agressés et violés. Il a su développer la peur et la haine en moi. Il utilisait des images fortes sur la necessité de nettoyer le quartier au Karcher, qu'il fallait redevenir maître chez nous. J'ai donc voté UMP pour sauver ma famille comme il disait. C'est ensuite que j'ai compris que ces gens étaient fous. Ils s'inventaient des ennemis qu'ils appelaient 'immigrés'. Il fallait les chasser, les traquer....Et le pire c'est qu'ils l'ont fait. Ils organisaient des expéditions punitives, des 'contrôles d'identités' dans leur langage. Ils tabassaient les jeunes...".
Ce sont des dizaines de dépositions dans ce sens qui s'accumulent sur le bureau du juge. Malgré les menaces et les représailles. Car l'UMP n'aime pas la critique et punit sévèrement ses opposants. Et c'est tout un événtail répressif que l'on découvre avec effroi à la lecture des procès verbaux : arrestations, interdiction de manifestation, limitation de la liberté d'expression, expulsions vers d'autres pays, vidéo-surveillance, taser, bombes lacrymogènes...un traitement de faveur réservé à ceux qui veulent prendre leur distance et protester contre les abus de la secte. Et qui visent surtout à décourager les petits juges qui voudraient savoir où passe l'argent des électeurs. Jusque ici la secte avait su s'attirer de solides protections judiciaires qui ont permis à certains de ses plus éminents membres d'éviter la case prison : Chirac, Juppé, Balkany, Pasqua, autant de crapules qui vivent à l'abri de la justice.
Créée en 1958 par le général de Gaulle sous le nom de l'UDR, la secte a su maintes et maintes fois changer de nom pour échapper à la justice. Du RPR à l'UMP, elle s'est néanmoins toujours reposée sur la manne de la Françafrique et a su évoluer au fil des lois sur le financement de la vie politique. L'arrivée de Nicolas Sarkozy à sa tête en 2004, a donné un coup d'accélérateur à la dérive paranoïaque du mouvement. Les membres sont sommés de se dévouer au Libéralisme, une théorie loufoque inventée par l'auteur de science fiction Adam Smith et le culte du chef y est obligatoire.
Même si l'ouverture d'une information judiciaire a ravi les rescapés de l'UMP, ils ne voient pas l'avenir sous un jour très enthousiaste. "Ce sont encore des lampistes qui vont trinquer. Et l'organisation saura renaître de ses cendres. Comme elle l'a toujours fait". Difficile de contredire cet ancien militant tant l'UMP a toujours réussi à phagocyter son opposition : "Regardez leur dernière invention. Nous faire croire que le MODEM de François Bayrou est un opposant. Alors qu'il y a quelques années, ils marchaient main dans la main. Ils gagneront toujours!"