"C'est une question de justice sociale. Il est normal que si je demande aux français de travailler deux ans de plus, je sois traité de la même façon. En conséquence, mon mandat sera prolongé de deux ans, et s'achèvera en 2014". Nicolas Sarkozy a donc cédé à la rue. "L'effort doit être partagé par tous. Même au plus haut niveau de l'État". La mesure est symbolique. Mais elle a surtout pour but de rendre moins humiliante la défaite annoncée des manifestants.
Car il sera désormais bien difficile aux syndicats de justifier de nouvelles actions. "Il ne sert plus à rien de manifester". Éric Woerth l'a souligné, "on ne peut s'opposer à la fois à la démocratie et au bon sens". Pourtant, il s'en trouve à gauche pour dénoncer dans cette décision courageuse du président "un déni de démocratie". Ainsi, le populiste Jean-Luc Mélenchon, jamais en retard d'un coup d'éclat médiatique, s'est offusqué "de ce coup d'état" voyant dans cette "manœuvre un hold-up électoral".
Cependant les statistiques sont formelles. L'espérance de vie des chef d'états français n'a cessé de croître. "Alors que l'on vit plus longtemps, les socialistes n'ont rien trouvé de mieux que de faire la retraite à 60 ans, les 35 heures et le mandat présidentiel de 5 ans" s'est défendu François Fillon. "Il faut être réaliste et regarder ce qui se fait chez nos voisins européens. En Angleterre, ça fait 59 ans que Élisabeth II est au pouvoir. En Suède et son fameux modèle social-démocrate, le roi gouverne depuis 37 ans. Comment voulez-vous être compétitif?"
Frédéric Lefèvre, porte-parole de l'UMP, s'est voulu offensif : "Je comprends que pour les socialistes sept ans de travail semblent insurmontables. Mais, le travail ne fait pas peur à Nicolas Sarkozy". Ajoutant : "si la présidence française ne s'aligne pas sur ce qui se fait à l'étranger, c'est encore un emploi qui sera délocalisé. Si les français veulent être gouvernés par un chinois, qu'ils le disent. Et on verra si la CGT est toujours aussi motivée pour aller défiler sur la Place Tian' Anmen".