L'adoption de la nouvelle constitution équatorienne à une écrasante majorité enfonce un peu plus le continent sud américain dans le marasme économique. Après le Vénézuela et la Bolivie, l'Équateur a donc choisi l'impasse d'un "socialisme du 21ème siècle" (sic!) tournant ainsi délibérément le dos à l'économie de marché et à la démocratie. Il est d'ailleurs permis de se demander sur quels critères a pu voter un peuple en partie illettré et qui a fatalement succombé aux sirènes du populisme. Ces trois pays bolivariens s'engagent donc sur la voie de l'archaïsme en instaurant "une politique économique souveraine qui ne tolère les abus d'aucune multinationale". Non content de stigmatiser les multinationales occidentales, la constitution équatorienne défend le principe de la gratuité des services de santé et d'éducation, dans un pays où 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Certains évoquent même une possible nationalisation des banques, dernier pas avant le goulag.
Par ce geste, l'Equateur se met au ban de la communauté internationale en rejetant les principes universels du FMI et de la banque mondiale, qui avaient pourtant fait le bonheur de l'Argentine au tournant du siècle. A l'instar du Venezuela qui avait quitté ces institutions l'an dernier, l'Equateur risque de rapidement regretter son audace politique. Et les électeurs de se réveiller alors avec une sacrée gueule de bois. Car s'affranchir de la mondialisation libérale est bien sûr utopique mais surtout stupide. L'économie de marché prouve chaque jour qu'elle est au service du développement humain. Pourquoi se priver de cet instrument de bien-être?
Dans le même temps, les partisans français du non au référendum européen de 2005 ravalent leurs arguments. Non seulement, cette constitution est un rempart contre tout retour à une "économie socialisante" en gravant dans le marbre le modèle économique néo-libéral. Mais en plus, l'Europe sociale est en marche. Pas plus tard qu'hier, la Banque Centrale Européenne injectait 120 milliards pour aider les plus faibles d'entre nous, à savoir les banques.
Alors que le monde libre occidental surfe sur la vague de la réussite, il est malheureux de voir le peuple équatorien (et tant d'autres) sombrer dans le désarroi. Il est tentant d'intervenir. Saurons-nous rétablir la démocratie avec le même courage qu'au Chili en 1973? La liberté est sans doute à ce prix.