"Ce n'est pas une caution morale. Mais la reconnaissance d'une pratique culturelle très répandue dans notre pays." C'est par ces mots que le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a commenté le recensement de la torture au patrimoine culturel de la France, au même titre que la tauromachie, les mines antipersonnel, l'élevage industriel ou la délation. Une décision accueillie avec enthousiasme chez tous les aficionados de la baignoire et autre gégène. Ainsi, Mathieu Barbant, porte-parole du syndicat de police Alliance s'est "félicité de voir enfin reconnu un savoir-faire, un art pratiqué encore aujourd'hui dans des milliers de commissariats à travers notre beau pays. C'est toute une profession qui est rétablie dans sa fierté et son honneur."
Même la Grande Muette est sortie de son mutisme pour se joindre au concert de félicitations. Le général Dominique Braise a ainsi profité de cette décision pour saluer "la mémoire des grands hommes de l'armée française, qui de Massu à Aussaresses en passant par Bigeard ont su exporter le génie français et contribuer au rayonnement de la France." Par ailleurs, le ministère de la Culture étudierait la possibilité de créer un musée de la Torture, qui se verrait "comme une tentative de faire un inventaire exhaustif de l'évolution de cet art à travers les âges". Le musée Klaus Barbie serait inaugurée en mai 2012, rue de Charonne à Paris.
Dans le sillage de la France s'est engagé une véritable course internationale à la reconnaissance culturelle. Avec en toile de fond le Graal du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Ainsi, le Japon et l'Ukraine ont chacun de leur côté consacré la radioactivité comme une spécificité nationale. Tandis qu'en France, Areva se bat pour que la leucémie soit reconnue comme une pratique régionale autour de la Hague.
Dans cette effervescence culturelle qui secoue la France, certaines requêtes paraissent incongrues. Ainsi, un groupe de citoyens farfelus s'est mis dans la tête de faire entrer "les luttes sociales" au panthéon culturel de la France. Une demande que Frédéric Mitterrand a jugé "ridicule". "Et pourquoi pas graver dans le marbre la protection sociale tant qu'on y est!"