"Je ne suis pas une ONG", se défend Rama YadeRama Yade est une femme de convictions. Cette semaine, dans l’Express, la
« femme qui dit non » nous raconte pourquoi elle a refusé avec bravitude de se présenter aux élections européennes, malgré la « pression » de Nicolas Sarkozy :
« Un mandat européen ne me permet pas de donner ce que j'ai dans le ventre, au mieux de moi-même », trépigne-t-elle.
Son poste actuel de Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères (et) aux Droits de l'Homme semble taillé sur mesure pour cette enfant de la discrimination positive, élevée dans les Hauts-de-Seine, fille de diplomate. Mariée à un « socialiste », elle a
la fibre humaniste chevillée au corps.
On se souvient de
son intervention à Argenteuil, lors des municipales cette année, où elle déclarait, pour résoudre le problème des SDF :
« Il faut tout tenter dans une ville »Sur la question des Droits de l'Homme, on se heurte parfois à un mur. Alors, je mets des fleurs.Malheureusement, son humanisme ne lui a pas réussi cette fois-là. Mais qu’importe, elle vise plus loin encore :
« Je suis davantage motivée par un mandat national que par un mandat européen », a-t-elle encore dit, indiquant qu'il y avait « des élections qui vont se profiler d'ici 2012 et en 2012 même, et qui me donneront l'occasion sans doute de faire quelque chose ».Force est de constater que Rama Yade laisse sa langue de bois au vestiaire en reconnaissant qu’elle compte les mouches au ministère. Dessaisie de la plupart des « dossiers » qui devaient légitimement lui revenir, comme les
interpellations d’enfants étrangers dans les écoles françaises,
les droits des étrangers en « rétention administrative », les
bavures policières à répétition, la construction d’une société de surveillance généralisée, elle se console avec l’homophobie des birmans, pour tuer le temps.
L’été 2008 aurait dû être l’heure de gloire de Rama Yade : les JO, le Tibet, le décor était planté. Et patatra ! Privée de voyage en Chine. Rageant.
Tout de même, concernant les expulsions d’Afghans, elle aurait aimé dire quelquechose, mais malheureusement, un problème administratif l’en a empêché :
« Sur le plan administratif, je me dois de dire que c’est le ministère de l’Immigration qui gère ce dossier. »La guigne ! Si c’est elle qui avait géré ce « dossier », je ne donnais pas cher de la peau des salauds qui ont fait ça. Faut-il encore alerter les medias sur les lourdeurs administratives héritées de mai 68 qui pénalisent la France, quarante ans après.
Pourtant,
les expulsions d’Afghans, c’était presque écrit pour elle. Elle venait juste de terminer une allocution corrosive qu'elle était sur le point de livrer à la presse, mais là encore, au dernier moment, Kouchner lui coupe l’herbe sous le pied :
« Le ministère des Affaires étrangères a donné son analyse sur le volet international de l’affaire.»C’est sans doute François Fillon qui doit découper les dossiers en Conseil des Ministres : le volet national, c’est Hortefeux, le volet international, pour Kouchner, le reste pour Rama Yade.
- Je vous présente Rama Yade, qui je crois a deux mots à vous dire- Bonjour, Colonel !Mais Rama a faim. Faim de liberté, de justice. Comment ne pas entendre la contestation lorsque, interrogée par Florence Aubenas et Patrick Fiole, elle lâche :
« Nous sommes un pays qui, globalement, respecte bien les droits de l’homme »Vous lisez bien : « Globalement ». L'affront est terrible. Comme la Chine, la Tunisie, la Corée du Nord, la France respecte « globalement » les droits de l’homme. De là à ajouter que le reste n’est qu’un détail dans l’histoire de l’humanité, il y a un pas qu’elle ne franchira pas, mais on a évidemment bien compris le message.
En France, dit-elle avec cette ironie qui la caractérise désormais,
« l’exercice des libertés a toujours été encadré », notamment par le Ministère de l’Immigration.
Rama Yade est revenue sur sa déclaration concernant la France, paillasson des Droits de l’Homme, car elle estime qu’elle avait été « mal comprise ». On lui avait reproché de dire à Khadafi, par presse interposée, qu’au sujet des droits de l’homme, la France n’est pas un paillasson sur lequel on s’essuie en entrant.
En réalité, maintenant qu’on la connaît, on devine ce qu’il fallait comprendre :
« Le paillasson, c’est moi. Et vous êtes priés d’essuyer vos bottes, mais en sortant. »Ne pas manquer l'interview-choc de Rama Yade sur le Nouvel Obs,
"Je ne suis pas une ONG".