Deux ans après l'affaire des caricatures de Mahomet, Charlie Hebdo tente une nouvelle fois de repousser les limites de la liberté d'expression. Le journal satirique a donc décidé de publier en France ce mercredi une caricature parue dans le New York Post, représentant des policiers abattant un singe en disant : «Ils vont devoir trouver quelqu'un d'autre pour rédiger le prochain plan de relance».
Même si cette charge se dirige directement contre Barack Obama, Philippe Val, le directeur de Charlie, refuse d'y voir une quelconque forme d'anti-américanisme primaire : "L’opinion française est travaillée par une sorte de racisme anti-américain auquel Bush servait de prétexte. Mais Charlie n'est pas dans cette optique. C'est plus un hommage à l'humour américain et une croisade contre la censure". Une croisade artistique à entendre le penseur Spinoziste : "Plus la démocratie recule, plus elle est victime du terrorisme. Elle doit donc préserver ses propres intérêts supérieurs, dont la liberté d’expression, au-delà des journaux. Ainsi, il y a la continuation de l’histoire de l’art, qui signe la vitalité d’une civilisation. La créativité est toujours au bord du scandale. Villon, Modigliani... La civilisation progresse par le commentaire scandaleux de ses propres canons classiques. Si cela s’arrête, elle se grippe, les libertés disparaissent. C’était l’enjeu des caricatures".
Pour le directeur de Charlie, la publication de ce dessin "s'inscrit dans une lutte globale contre le fanatisme. La chape de plomb de l'anticolonialisme, de l'antiracisme, conduit aux excès que l'on connaît : antisionisme, terrorisme comme actuellement en Guadeloupe. Charlie essaie de se battre avec ses armes pour défendre la démocratie et la liberté". Et il y voit même un acte de courage politique pour l'émancipation des noirs : "On accepte chez eux des comportements, des propos qu’on ne supporte pas, qu’on pénalise chez les Occidentaux. C’est un mépris. Il faut dire aux Noirs : faites un travail de mémoire (...) sinon vous n’édifierez pas de démocratie et ne profiterez donc jamais des richesses que vous pouvez produire". Pour Cabu, le seul critère de sélection est l'humour : "Peu importe que l'on tape sur les noirs, les arabes ou les chinetoques, l'important c'est que ce soit drôle". Et il ajoute : "Des gens comme Michel Leeb ou Lagaf ont été précurseurs dans ce domaine, et on tenait à leur faire un clin d'oeil".
"J'ai un très bon ami noir. J'en ai même trois!"
Le numéro de mercredi s'apprête donc à faire une nouvelle fois scandale en bousculant les réflexes pudibonds d'une certaine élite. C'est un dessin de Cabu qui a été retenu pour la couverture : il représente un membre du MEDEF Guadeloupéen s'exclamant : "C'est dur de faire travailler des singes". La rédaction de Charlie, malgré quelques dissensions, reste soudée pour affronter l'inévitable tempête judiciaire qui va secouer le bateau de la rue de Turbigo. "Les indigènes extrémistes ont en général assez peu d'humour. Pourtant il faut accepter la caricature et savoir rire de soi. C'est même la condition sine qua non d'une intégration réussie" renchérit Caroline Fourest.
Déjà de nombreuses manifestations de soutiens arrivent au journal. Ainsi, Nicolas Sarkozy et son fils Jean ont rappelé que la liberté d'expression et le droit à la caricature constituaient les piliers de notre démocratie : "Je préfère un excès de caricature de nègres à l'absence de caricature". Et le président de la République en a profité pour rappeler son engagement pour la discrimination positive. Le ministre de l'Intégration Eric Besson n'est pas en reste. "Les attaques contre Charlie Hebdo sont une nouvelle expression du chantage odieux au racisme pratiqué dans ce pays. C'est aussi absurde que de dire que les centres de rétention, la délation ou les tests ADN sont racistes".
Les journalistes sont sourds à toute tentative de pression
Même si elle reconnaît l'aspect choquant de la démarche, la presse française défend d'une seule voix sa liberté. Ainsi de Libération à Minute, en passant par Le Figaro ou Le Monde, les journalistes montent au front pour réaffirmer leur volonté de ne pas céder face aux menaces d'une minorité de fanatiques. Et Laurent Joffrin, dans son éditorial de Libération, y voit un signe d'indépendance : "C'est une nouvelle preuve de l'indépendance de la presse française. Jamais Edouard de Rotschild, Lagardère ou Dassault n'oseraient intervenir pour censurer un article un peu dur avec les noirs. Tout cela relève de la paranoïa".
Qu'il est doux d'écouter des cons!
9 commentaires:
"Il faut dire aux Noirs : faites un travail de mémoire" ? ah mais ils peuvent ? ils sont entrés dans l'histoire maintenant ?
Cette caricature me paraît biaisée. Les deux "cops" auraient dû avoir l'apparence de singes blancs, avec casquette. Les blancs ne sont que des descendants de noirs qui ont honteusement perdu leur couleur d'origine. Des ratés de la nature, quoi!
Du reste, c'est un point commun des noirs et des musulmans que de ne goûter que du bout des lèvres au fin travail de nos plus glorieux caricaturistes.
Ces gens ont l'esprit fermé comme une huitre et il ne faut pas s'étonner de les voir se complaire dans un moyenagisme de la pensée que ne renieraient pas les plus virulents inquisiteurs.
Le caillou dans la chaussure
Le prochain "attentat" contre Obama devra impérativement être un lancer de bananes! La liberté d'expression en dépend...
Charlie Hebdo; ça existe toujours ça?
Heureusement:!!! pour eux?
C'est dur quand la liberté de la presse est revendiquée par les cons!
Houria B se demande si c'est vrai ;-)
Siné est relaxé, voilà qui fera plaisir à notre maitre à tous Philippe Val, lui qui est pour la liberté d'expression :D
Où est le commentaire de Gérard Biard (rédacteur en chef de Charlie Hebdo) qui vient avec ce dessin pour dénoncer son racisme sous-jacent ?
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