lundi 9 novembre 2009

Vingt ans déjà

Chers amis, l'heure est à l'émotion dans tous les média, une fois n'est pas coutume. Fidèle à notre ligne éditoriale, je tiens à me féliciter de l'hommage solennel rendu rien moins qu'à notre civilisation qui, il y a 20 ans déjà, mettait fin à l'histoire. Enfin, la preuve était faite de la supériorité définitive du capitalisme sur le communisme, de la démocratie sur le totalitarisme, de la liberté sur l'oppression. Enfin, il devenait possible de rêver d'un monde unifié, débarrassé des guerres et des inégalités : les 20 ans passés ont été à la hauteur de ces promesses. Nous en sommes tous les heureux bénéficiaires. Tous. A commencer par les pays du tiers monde qui, sortis de l'extrême pauvreté, sont devenus "émergents" et dépasseront bientôt leurs maîtres.

Ah ça non, tout de même. L'heure est à la fête

Certes, les rabat-joie aigris, les nostalgiques de la Stasi, les petits dictateurs domestiques nous ressortiront le chapelet des murs dressés depuis ce jour de fête du 9 novembre 1989. Ne laissons pas leur aigreur gâcher le goût du champagne qui promet de couler à flot ce soir. Google, jouant les trouble-fête, montre aujourd'hui son vrai visage : celui d'un repaire de communistes qui préfèrent fêter le 40ème anniversaire de Rue Sésame plutôt que la chute du mur ...


Ajourd'hui, Google préfère fêter 1 rue Sésame ...

Souvenons-nous de ce moment d'émotion formidable où Rostropovitch interprétait une suite de Bach particulièrement joyeuse pendant que les gravas rebondissaient sur son violoncelle. Cet instant restera le point d'orgue de l'événement historique en train de se jouer. Quel symbole ! Et quel symbole magnifique pour le capitalisme triomphant puisque le PDG de Danone, Antoine Riboud, affrétait son jet privé à la demande de son ami violoncelliste pour conduire ce dernier sur le cadavre encore chaud et puant du socialisme. Quel symbole, mes amis ! La transnationale Danone, fleuron français de l'agrobusiness, qui sponsorise la suite de Bach pendant la mise en terre berlinoise de la dépouille du socialisme VAINCU. Je m'emporte, c'est l'enthousiasme communicatif diffusé par la radio française d'état d'un jour !



Une p'tite pièce pour Danone, siouplaît ...

Moins de 15 jours plus tard, Helmut Kohl, adressait ce discours lyrique et plein d'émotion au parlement européen :
"Nous sommes tous témoins d'un grand bouleversement en Europe. A l'Ouest, les États membres de la Communauté se préparent activement à faire face aux défis du 21e siècle. Grâce au grand marché intérieur européen que nous voulons parachever en commun le 31 décembre 1992, l'Europe occidentale deviendra, avec plus de 320 millions d'habitants, le plus grand espace économique du monde."


Un an plus tard, le peuple allemand portait la CDU aux nues lors des élections de 1990. Ces femmes et ces hommes qui furent bâillonnés, menottés, privés des libertés les plus fondamentales pendant des décennies, comprennent. Ils comprennent vite ! Ils élisent un gouvernement conservateur balayant ainsi d'un revers de manche les privations et brimades du passé, faisant table rase d'années d'embrigadement, retrouvant la vue tel un aveugle qui retrouve l'usage de ses yeux. Cela s'appelle la résilience, cela s'appelle un miracle.


Tout cela, c'est que du bonheur !





Mes amis, et bien, que la fête commence

6 commentaires:

Alcibiade a dit…

Vous oubliez qu'il y a 20 ans, notre Egocrate suprême, armé d'une simple petite pioche brisait avant tout le monde cet hideux mur de la honte!

Mathias a dit…

Excellent tout ça ! N'empêche, la chute du Mur a été l'un des rares grands événements POSITIFS de l'Histoire récente.
N'empêche si l'humour pouvait casser tous les murs qui nous entourent, ce serait bien aussi !

Lorenzo a dit…

j'avais 13 ans, j'y étais et j'atteste que Sarko était vraiment présent le soir du 9 novembre, en train de pisser un bol sur le mur de la honte.

Capello a dit…

repaire, pas repère

Anonyme a dit…

Merci d'avoir repairé cette faute, Maître Capello ...

Unknown a dit…

J'espère que la chute des gouvernements fascistes tels que ceux de la ceux de Franco, Bush ou Pinochet seront l'occasion de festivités aussi grandioses ; A ce rythme là tous les jours de l'année seront fêtes et commémorations !
Ca me va je suis plutôt épicurien !