Les chars russes sont restés. Malgré l'accord de cessez-le-feu signé par les deux parties, rien n'est réglé dans le Caucase. Et la Russie accentue sa pression sur le pouvoir géorgien.
Car l'accord de cessez-le-feu présenté par la France et soutenu par la communauté internationale n'évoque en rien le problème de fond qui agite cette partie du monde : à qui attribuer les médailles olympiques obtenues par les athlètes Ossètes et Abkhazes à Pékin?
Depuis 1991 et l'éclatement de l'URSS, Moscou a vu fondre comme neige au soleil son palmarès olympique, symbole de la puissance d'une nation.
Samedi soir, à mi parcours, le bilan russe était bien maigre avec seulement 21 médailles, bien loin des 54 médailles américaines. Il était dès lors impossible pour le président Medvedev de retirer ses troupes de Géorgie. L'intervention russe au Caucase s'inscrit en effet dans une logique de reconquête sportive avec l'annexion progressive de toutes les provinces séparatistes.
Et il faut s'attendre à voir la Russie étendre ses velléités impérialistes à toutes ses anciennes républiques.
Les calculs furent vite faits au Kremlin. En additionnant les médailles des anciennes républiques soviétiques (Ukraine, Géorgie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Belarus, Kirghizistan, Ouzbékistan, Lituanie, Tadjikistan) on arrive à un total de 61 médailles.
On comprend dès lors la véhémence des réactions internationales autour de la souveraineté territoriale géorgienne. Ainsi Dimitri Medvedev déclarait samedi qu'il "était improbable que l'Ossétie du sud et l'Abkhazie refassent partie de la Géorgie". Sentant la menace, la France (qui compte rappelons le 22 médailles) s'est particulièrement activée sur le front diplomatique pour conserver son rang olympique. De même l'Allemagne et les États-Unis agissaient en coulisse pour le maintien des provinces séparatistes dans le giron de la Géorgie. "Il n'y a aucune discussion possible sur le sujet" déclarait ainsi Georges Bush.
Au regard de cette analyse, il est dommage que les jeux de Pékin soient ainsi occultés de l'actualité, phagocytée par le conflit dans le Caucase. Et on peut regretter que ces olympiades de la paix et de la liberté trouvent leur épilogue dans le fracas des bombardements russes.
5 commentaires:
Je me disais bien aussi qu'il me manquait des éléments d'analyse.
Analyse éclairante ! Merci Monsieur Bernard :-)
La France doit donner l'exemple et se défaire des médailles hors de la métropole.
Bon, il ne reste pas grand chose, mais l'honneur est sauf.
Effectivement que c'est triste d'entacher les JO, l'esprit olympique et sportif avec de petites histoires mesquines ! Bassement mesquines même ...
Vive le sport !
Et il faut noter une certaine mauvaise foi des Etats-Unis qui tentent de priver la Russie de médailles légitimes, alors qu'eux-mêmes ont réussi à faire admettre de nouvelles disciplines olympiques dans lesquelles ils jouissent d'un leadership écrasant, telles que l'Apnée Après Ingestion de Bretzel, le Lancer de Bombes de 10 Tonnes, ou le Soulever de Dictateur Déchu au bout d'une corde.
Pour ce qui est de l'apnée, reconnaissons quand même que les USA ont beaucoup contribué à répandre cette discipline grâce à l'entraînement d'athlètes étrangers notamment à Guantanamo et Abu-Ghraib.
Donc finalement tout cela n'a rien de particulièrement caucase.
Il vaut mieux être athlète géorgien que russe : la preuve par l'argent
http://gillesmartin.blogs.com/zone_franche/2008/08/lor-fran%C3%A7ais-vaut-dix-fois-moins-que-lor-g%C3%A9orgien.html
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