samedi 23 janvier 2010

Affaire Proglio : les salaires des patrons du CAC seront désormais payés par l'Etat

L'habile gestion de l'affaire Proglio ouvre des perspectives inédites en matière de rémunération patronale. En effet, en augmentant dans un premier temps ses émoluments de président d'EDF et en renonçant dans un second temps à son salaire chez Véolia, Henri Proglio, qui cumule les présidences des deux entreprises a donc réussi le tour de force de facturer sa rémunération chez Véolia à l'entreprise publique. "Enfin du concret sur le front du pouvoir d'achat" se félicite le MEDEF.

Cependant, le gouvernement n'entend pas en rester là dans l'épineux dossier des rémunérations patronales. "Les salaires des grands patrons français du CAC40 sont démesurés, voire indécents" admet François Fillon, "et surtout ils entament gravement la compétitivité de nos entreprises. Il faut donc trouver des solutions pour que notre industrie n'ait pas à supporter une telle charge". D'où l'idée d'un jumelage public/privé type Véolia-EDF. "Une idée trop complexe et un montage un peu alambiqué" juge Christine Lagarde.

Attention, chute de millions!

C'est pourquoi le gouvernement défend l'idée de faire désormais assumer par l'État les salaires de ces grands patrons. « Il faut faire preuve d’un peu de courage si nous voulons avoir les meilleurs capitaines d’industrie pour diriger nos plus grandes entreprises » s'enthousiasme le ministre de l'Industrie Christian Estrosi. "Une dream team ça se paye".

Du côté du Medef, on entend défendre bec et ongles les acquis sociaux des chefs d'entreprise : "Nous ne sommes par principe contre le projet gouvernemental. Mais nous demandons des garanties. Conservation des stocks-option, des bonus, des avantages en nature, dépénalisation du droit des affaires" précise Laurence Parisot. Quant à savoir comment l'opinion publique acceptera ce projet, Christian Estrosi se veut optimiste : "Vous savez les Français sont prêts à tous les sacrifices pour la compétitivité de leur économie. Ils payent déjà le bouclier fiscal, les exonérations de charges patronales, alors un peu plus un peu moins!"

Les salaires de la fonction publique viennent de recevoir un sérieux coup de pouce

Le mode de financement de la mesure n'a pas encore été arrêté. Cependant, Eric Woerth le ministre du budget dégage quelques pistes : "En 2010, avec près d'un million de chômeurs en fin de droits et un fonctionnaire sur deux à la retraite non remplacé, ça devrait nous laisser une marge de manœuvre". De toute façon, selon le ministre, "les français préfèrent qu'on utilise leur argent à payer des patrons qui se démènent pour créer des emplois, plutôt qu'à indemniser des parasites".

vendredi 15 janvier 2010

Haïti : non-lieu pour le FMI

Après le séisme qui a ravagé l'île, le Tribunal Pénal International a décidé de prononcer un non-lieu à l'encontre du FMI et de la banque mondiale dans l'enquête sur la misère et la famine en Haïti. En effet, d'après les enquêteurs, le tremblement de terre (qui succédait aux cyclones de 2008) a effacé toutes les traces du méfait. D'après un enquêteur, "les soupçons se portent maintenant sur la malédiction et la fatalité".

Exit donc les accusations de dérégulation du marché et d'appauvrissement du pays à l'encontre du FMI. Les enquêteurs soupçonnaient notamment l'instance internationale d'avoir sciemment imposé à Haïti de baisser ses taxes aux frontières de 50% à 3%, provoquant l'invasion du riz américain moins cher et remettant en cause l'autosuffisance alimentaire. Les traces de la libéralisation à outrance de l'économie ont donc été englouties et le FMI peut dormir tranquille.

L'action du FMI avait permis de développer l'industrie de la galette de terre

Cette décision a été unanimement saluée par la communauté internationale. De Barack Obama à Nicolas Sarkozy, c'est le soulagement qui prédomine, comme le confirme ce diplomate français : "On respire un peu mieux aujourd'hui. Ce séisme est une bénédiction. Même si globalement tout le monde se fout de Haïti, on ne pouvait se permettre une remise en cause de la politique du FMI. Le libéralisme ça marche!". C'est donc avec plaisir que les pays développés se lancent aujourd'hui au secours de Haïti. "C'est bien la preuve que le capitalisme a un cœur. Et l'humanitaire sera toujours plus efficace que les taxes ou les réglementations".

La presse française s'est donc jointe au concert de compassion. De Libération au Figaro en passant par Le Monde, les quotidiens s'apitoient sur la "malédiction" haïtienne, "la tragédie". Se risquant à une analyse des malheurs de l'île, le courageux Laurent Joffrin ose malgré tout se risquer à donner le nom d'un coupable : "Christophe Colomb".

La dérégulation de l'économie permettra à ce jeune haïtien de monter sa start-up plus facilement

Malgré tout, le FMI est loin d'être sauvé. Car du coton Africain à la faillite argentine, les soupçons de crimes en série s'amplifient. Et il faudra plus qu'un tremblement de terre et une presse complice pour maquiller les crimes.